Avec le Haras de la Cense
Le dimanche 17 février 2019, se tenait au haras de la Cense, leur séminaire sur la locomotion du cheval. En accord avec la sortie de leur livre "Le cheval en mouvement". Le sujet était donc clair : respecter l'anatomie et la biomécanique du cheval dans son éducation. Quel beau programme !
Je ne peux me permettre de vous faire un résumé totalement détails sur tous les savoirs que nous ont transmis les intervenants. Je vais cependant m’efforcer de vous retranscrire les points qui sont pour moi les plus importants et que tous cavaliers soucieux du bien-être de son cheval devraient connaitre.
Pour cette belle journée, un bon nombre d'intervenants, tous plus qualifiés et diversifiés les uns que les autres, allaient nous présenter leur vision de l'équitation.
On démarre la journée avec Anne d'Hautefeuille, ostéopathe équin qui a hautement participé à l'écriture de leur livre "Le cheval en mouvement". Elle nous fait un résumé sur la première partie du livre justement. J'avais déjà lu le livre avant de venir, mais un petit rappel à l'oral sur les points importants, n'était pas de refus un dimanche matin !
Le premier point que l'on a abordé est l'ossification chez les chevaux, c'est à dire le développement de ses tissus osseux. On sait tous maintenant que les os de nos chevaux ne terminent pas leur croissance au même âge. Le tableau suivant peut vous donner une idée.
Les extrêmes recommandent donc de ne pas débourrer et travailler un cheval avant 5 ans voire parfois plus. Ce n'est finalement pas une si bonne chose, du point de vue physique et mentale (ce que j'ai pu observer par expérience). En effet, laisser le cheval en pâture pendant 5 ans, et donc le laisser adopter une attitude passive de brouteur pour ensuite lui demander de porter un poids sur son dos et d'être un athlète, manque cruellement de bon sens ! On se doute aussi qu'un cheval non manipulé sera plus difficile à manipuler à 5 ans, qu'à 6 mois.
Mais que faire ? Qui a raison ?
Anne d'Hautefeuille, nous guide en nous disant de tout simplement adapter le travail ! Il est préférable d'éduquer et de travailler un cheval dès son plus jeune âge. Cela va permettre à son corps de développer naturel dans une optique de travail et tout comme son mental. Le tout est d'adapter le travail afin de respecter les contraintes physiques de chaque individu et de lui permettre de se développer dans le bon sens.
Ensuite nous avons parlé des chaines musculaires : dorsales et ventrales
Le dos du cheval n'est pas fait pour porter un cavalier, c'est même d'ailleurs plutôt le contraire. Imaginez un rondin qui serait tombé au-dessus d'un cours d'eau, plus l'autre rive est loin, moins vous avez envie de traverser par peur que le tronc se brise sous votre poids. Le dos du cheval répond au même principe. On peut cependant l'aider à soutenir, en le musclant bien entendu mais aussi en lui apprenant à se tenir. Il faut savoir que les vertèbres du cheval sont surmontées d'un processus épineux, ainsi si le dos creuse (pour diverses raisons), les apophyses épineuses se touchent et peuvent provoquer des douleurs.
Le haut du schéma suivant, explique bien ce phénomène.
Mais alors que viennent faire les chaines musculaires la dedans ?
Elles sont essentielles car c'est grâce à elles que le cheval va pouvoir ou non monter son dos pour fonctionner correctement.
On voit que sur le schéma précédent, que lorsque la chaîne ventrale se contracte (donc que les muscle se rapprochent), le cheval réalise une flexion du rachis, ce mouvement comprend la descente d'encolure, abaissement des hanches et donc le montée du dos qui s'accompagne de la contraction des abdos.
A l'inverse lorsque c'est la chaîne dorsales qui se contracte, cela provoque une extension du rachis et le dos du cheval se creuse.
Attention cependant à ne pas diaboliser la chaîne dorsale ! Elle est essentielle pour d'autres mouvement, car elle travaille également les muscles de l'arrière-main qui sont essentielles pour la propulsion, au moment du saut par exemple.
Nous avons vu ensuite les deux mécanismes de production d'énergie.
Le premier, le mécanisme d'aérobie qui nécessite de l'oxygène dans le muscle. Cela découle d'un effort lent et dans la durée, ce mécanisme produit peu de déchets. Il se produit lors d'un trotting par exemple.
Le second, l'anaérobie ne nécessite donc pas d'oxygène et se produit lors d'un effort soudain, bref et intense. En revanche il produit beaucoup de déchets. Il se met en place lors d'un galope bref en forêt par exemple.
Les deux mécanismes comportent leurs avantages et leurs inconvénients, ainsi il est nécessaire d'alterner les deux, tout en respectant le physique du cheval bien entendu.
En conclusion, nous avons vu de loin les façon de muscler son cheval
La conclusion de tous ces points est l'alternance ! Il faut alterner les exercices, les muscles travaillés mais aussi les disciplines. Pour permettre au cheval de développer tout son corps et pas seulement une partie mais aussi pour maintenir sa forme mentale et sa motivation.
En effet les changements d'activités comme les balades en extérieur sont extrêmement bénéfiques. Le dénivelé va permettre au cheval de se muscler sans s'en rendre compte, les montées vont travailler les muscles fessiers et donc la propulsion, tandis que les descentes vont jouer sur les pectoraux et les dentelés. Enfin avec l'encolure plus libre il va pouvoir gérer son corps lui même et puis surtout il va pouvoir se vider un peu la tête (tout comme nous d'ailleurs !).
Après cette remise en tête de ces principes d'anatomie, nous retrouvons Anne d'Hautefeuille cette fois-ci accompagné de Wilco et de Manuel Godin, pour une mise en application. Anne nous peint alors les grandes lignes de la charpente du cheval et nous pouvons voir ensuite cette charpente d'habitude invisible, s'animer.
Nous voyons alors très clairement les mouvements du dos par rapport à la position de l'encolure, des hanches etc... Mais aussi les muscles qui se contractent (merci Wilco et sa magnifique tonte) en fonction du mouvement, par exemple sur les différentes phases du saut (phase de propulsion : flexion du rachis, phase de réception : extension du rachis).
Nous commençons l'après-midi, sur l'importance du débourrage dans l'éducation du cheval et dans dans sa vie future, avec Jean-Marie Clair. Ce qui en ressort, c'est qu'il est important d'apprendre aux jeunes chevaux à utiliser leur corps, sans se tendre ou se crisper. Ce qui pourrait occasionner des douleurs. Une bonne éducation va donc nous permettre d'avoir tous les codes pour leur demander à l'avenir d'utiliser leur corps au mieux, encore et encore.
Nous continuons donc le sujet, en voyant justement comment demander au cheval d'utiliser son corps. Cette partie est superbement commentée et illustrée par Ludovic d'Hautefeuille. Encore une fois il insiste sur l'alternance des différents exercices.
L'alternance du travail latéral et sur deux pistes, va permettre au postérieur de passer sous la masse pour ensuite amener la flexion du rachis. Ludovic utilisait notamment une séquence d'exercice : sur un cercle, il demande au cheval d'agrandir son cercle sur quelques pas, puis de ramener ses épaules sur un pas. Cette alternance de mouvement en avant et latéral, va amener la flexion et petit à petit le cheval va amorcer une descente d'encolure pour une flexion du rachis globale. Cette opposition des épaules et des hanches permet au dos de fonctionner et d'amorcer cette descente d'encolure.
Pour terminer, nous voyons cette mise en pratique à cheval, avec Caroline Godin. Elle commence sa détente en vérifiant ses différentes positions de rênes, afin de mobiliser les épaules. Elle préfère commencer en descente d'encolure afin de permettre au cheval de fonctionner librement avant de travailler son corps. Pour le redresser, elle utilise le travail latéral, sans forcément remonter sur ses rênes, c'est le cheval qui doit se redresser de lui même. Elle utilise les mêmes exercices vus précédemment à pied.
En conclusion, le plus important est de garder chez le cheval, l'envie de se déplier et d'aller vers l'avant. Il ne doit pas se figer, se bloquer, il doit au contraire chercher à aller vers l'avant ou vers le haut. Pour cela, il faut optimiser le travail avec de l'alternance, que ce soit dans les exercices demandés mais aussi dans les disciplines pratiquées au quotidien. Et surtout ne pas oublier d'écouter son cheval !
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