Il y a beaucoup de courants dans le monde de l'équitation, des modes, des idées qui étaient en vogue à certaines périodes. Considérés comme la vérité absolue à ce moment, ils ont encouragé et justifié des pratiques bonnes comme mauvaises. Aujourd'hui la science tente d'expliquer et d'appuyer certaines de ces pratiques, qui sont aujourd'hui considérées comme bonnes.
Vouloir être dominant sur son cheval est négatif lorsque l'on veut instaurer une relation et un travail basé sur le partage.
Dans ce premier article d'une série de trois, nous allons parler de la notion de dominance.
Il était important pour moi, d'en parler en premier car cela a été une idée énormément utilisée dans toutes les équitations. Qui n'a jamais entendu de son moniteur dire " montres lui qui est le chef", "c'est toi qui décides" ou encore "ne montre pas que tu as peur c'est toi qui le domine". Des phrases toujours plus improbables les unes que les autres, pour deux raisons : la première est que la notion de dominance n'a rien à voir avec le fait de décider et enfin car nous ne sommes pas des chevaux et ils le savent pertinemment.
Au début de la recherche d'une équitation plus éthique, on a introduit la notion de dominance. On disait que les chevaux avaient un chef, qui mangeait en premier, qui dirigeait les autres etc... Cela vient de la théorie des années 70 sur la présence d'un mâle alpha dans les meutes de loups, cette "découverte" a créé ce qu'on appelle un schéma mental. En effet, lorsque l'on apprend quelque chose on a l'impression de le voir tous le temps. Par exemple, lorsque l'on apprend le "snapping" (fait de claquer les lèvres chez le poulain), on va avoir l'impression de le voir à chaque machouillement, alors que c'est un comportement bien précis. Ainsi on observe avec ce que l'on sait déjà. Le problème réside dans l'interprétation de ce que l'on voit. Deux individus peuvent observer la même scène, mais en fonction de leurs compétences, de leurs expériences, de leurs vécus etc... ils ne vont pas en conclure la même chose.
Cette théorie de dominance a beaucoup été utilisée dans les débuts du travail du cheval et en équitation. Comme on l'a dit précédemment qui n'a jamais entendu son moniteur hurler du fond du manège "Ne cède pas, montre lui qui est le chef !", "Ne te laisse pas faire, sinon tu es foutu.". Aujourd'hui ces phrases sont dépassées car on sait que le fait de ne pas céder n'a rien à voir avec la notion de chef.
Revenons donc au mot "dominant", que veut-il dire chez les chevaux ?
La hiérarchie de dominance défini l'ordre d'accès aux ressources.
Un individu dominant va donc accéder aux ressources (primaires et secondaires) en premier. Attention cependant il n'y a pas UN dominant mais des individus dominants et soumis entre eux. La hiérarchie chez les chevaux est rarement pyramidale mais plutôt triangulaire. C'est à dire que cette hiérarchie s'installe entre deux individus, l'un va être dominant (A), va donc accéder aux ressources avant l'autre (B). Mais si l'individu B est à son tour dominant sur un individu C, cela ne veut pas dire que l'individu A va être aussi dominant sur C. Cette hiérarchie s'installe naturellement, des chevaux vont être plus ou moins souvent dominants sur d'autres en fonction de leur tempérament.
Cela n'a donc rien à voir avec nous. Aux dernières nouvelles nous ne sommes pas des brouteurs d'herbe ainsi quel serait l’intérêt du cheval d'accéder aux ressources avant nous ? Nous n'avons pas les mêmes ressources, ainsi il n'y a pas de réelle concurrence inter-espèce.
Pour conclure, vouloir dominer son cheval n'a donc strictement aucun intérêt. Le fait de ne pas céder lorsqu'un cheval nous ne donne pas la réponse attendue n'à rien a voir avec de la dominance, c'est juste un principe d'apprentissage. Mais nous reviendrons là-dessus un peu plus tard. Par la suite nous verrons également pourquoi je préfère employer le mot de leadership lorsque je travaille mes chevaux et que représente pour moi le mot respect.
A bientôt.
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