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Influence de la position d’hyperflexion sur le plan physique et émotionnel

Par rapport aux autres HNP



Quelles sont les quatre positions de dressage ? 

Les scientifiques reconnaissaient quatre principales positions de dressage appelées HNP (Head Neck Position) aujourd’hui ils en ont défini sept. Cependant la plupart des études portent toujours sur ces quatre positions. C’est pourquoi dans cet exposé, nous ne parlerons que des premières HNP.

Source : https://demivolteface.com/2017/06/26/hyperflexion/

1a : “Devant la verticale”

1b : “Verticale”

1c : “Derrière la verticale” 

1d : “à l’envers”

Ces quatre positions peuvent être exprimées de différentes manière que ce soit plus discret ou au contraire à l’extrême comme l’hyperflexion.



L’hyperflexion est le mot consensus employé en France afin de désigner une technique de dressage venue d'Allemagne du nom de “Rollkür” (“roll” pour enrouler et “kür” pour les figures de dressage libres). Cette technique vise à avoir un cheval dont l’encolure est très ronde et basse afin d’avoir la ligne du dos tendue et donc, en théorie, le garrot et le dos remonté avec l’arrière main sous la masse. Il faut savoir que c’est la théorie de la méthode mais en pratique, à l’entrainement ou en concours c’est une tout autre histoire. L’encolure est enroulée à l’extrême parfois simplement en entrainement pendant quelques secondes, parfois au quotidien voir imposée au box grâce à des ficelles.

Quelles sont les effets sur la plan physique ? 

1) Encolure

Dans la position derrière la verticale (notamment en hyperflexion) ce sont les muscles inférieurs de l’encolures qui se développent fortement notamment les muscles superficiels brachio-céphalique et sterno-céphalique. 

Ce sont ces muscles qui créer une élévation superficielle des antérieurs et donne alors l’impression d’un bon engagement et de rebond (cf encadré). Une étude de 2014 aurait par ailleurs démontré une suractivité des muscles inférieurs de l’encolure lors des phases d’hyperflexion. 


Pourtant une étude qu’à portée l’IFCE en février 2020 à démontrée à que la position ne créer pas de rebond plus important qu’en position naturelle ou de rassemblée voir même tendait à le réduire.


Source : http://www.atelier-equitation-classique.com/

Dans la position “à l’envers” ce sont également les muscles inférieurs de l’encolure qui se développent.

Muscles brachio-céphalique et sterno-céphalique surdéveloppés













Source : http://www.atelier-equitation-classique.com/

On peut également noter que la courbure des cervicales est tellement exagérée qu’elle forme un “S” 














Source : http://www.atelier-equitation-classique.com/


En comparaison la courbure des cervicales dans une position “naturelle”. 









Source : http://www.atelier-equitation-classique.com/

En revanche, les positions “verticale” et “en-avant de la verticale” quant à elles développent les muscles supérieurs de l’encolure tel que le splénius et les trapèzes













Cette courbure exagérée de l’encolure en hyperflexion créer aussi une diminution des capacités respiratoires. En effet, une étude (LI-ME GO 2014) a montré que le diamètre pharyngé diminuait significativement dans cette position. Pourtant, lors d’un effort le cheval à des besoins respiratoires qui augmentent considérablement (en moyenne 5l/min au repos et cela peut monter jusqu’à 1500l/min lors d’un effort). 


Source : Patrick Galloux IFCE

2) Ligament nuchal 

Le ligament nuchal est un ligament qui part de la nuque et qui relie les vertèbres cervicales aux premières vertèbres thoraciques et qui rejoins le ligament supra-épineux au niveau des apophyses épineuses du garrot. Lorsque le cheval étends son encolure vers le bas il étire son ligament nuchal qui lui-même tend le ligament supra-épineux qui créer la monter du dos.  C’est un effet d’élastique qui tire dans un sens et créer du tonus, il faut cependant bien comprendre que le dos n’est alors plus creusé mais que ce n’est pas seulement ça qui permet aux muscles du dos de se développer. 


Source : https://lechevalenharmonie.wordpress.com/

Un cheval dans une position dit “à l’envers” ne tend pas du tout son ligament nuchal et ne peut physiquement pas monter son dos. Le dos devient alors creux ce qui ne lui permet pas de profiter de toutes les capacités porteuses de son dos.




Normal stance : position naturelle ; Stretched neck : étirement encolure ; Curled neck : hyperflexion
Source : http://www.atelier-equitation-classique.com/

Un des effets les plus recherché de l’hyperflexion est justement la montée du dos. Par le simple étirement du ligament nuchal à l’excès mais l’effet de traction des muscles de l’encolure vers les côtes, qui permet à toute la zone thoracique de remonter et d’être tonifiée, est impossible. En effet, nous avons vu précédemment que les muscles trapèzes et splénius ne sont pas assez sollicités et ne permettent donc pas cet effet de traction. 

Pour les positons “verticale” et “en avant de la verticale” nous avons vu que les muscles supérieurs de l’encolure étaient sollicités mais l’étirement du ligament nuchal et supra-épineux est moindre qu’en hyperflexion. 



Normal stance : position naturelle ; Stretched neck : étirement encolure ; Curled neck : hyperflexion 

3) Zone sacro-lombaire

Pour que le dos du cheval travaille correctement, il faut également un bon engagement des postérieurs ce qui induit un abaissement des hanches (plus ou moins important en fonction du mouvement). Cet abaissement joue également un rôle dans la montée du dos.

Cependant en hyperflexion, les ligaments nuchal et supra-épineux sont déjà tendus presque à leur maximum. Ainsi le cheval ne peut plus engager correctement les postérieurs, il n’est biomécaniquement incapable de le faire. Certains cavaliers forcent bien entendu ce mouvement ce qui créer de fortes tensions au niveau ligamentaire, lombaire et lombo-sacré, ce qui peut occasionner des douleurs à long terme. 

4) Monde sensoriel

A) La vision

Le champ de vison binoculaire c’est à dire en face du cheval est assez limitée. 

Source : https://les-supers-cavaliers.com/

Ici un cheval à l’abord d’un obstacle, il doit lever la tête afin d’appréhender correctement la distance et la taille de l’obstacle. Si on rapporte ce champ de vision à une positon de dressage, il ressemblerait à celui que peut à voir un cheval dit ”à l’envers”.  C’est un champ de vision qui permet au cheval de voir correctement son environnement et de l’appréhender au mieux.


Source : https://les-supers-cavaliers.com/

En dressage, avec un positon en avant de la verticale et verticale le cheval aura un champ de vision plutôt orienté vers le sol. Il pourra ainsi appréhender les obstacles qui se situent à environ un mètre de ses antérieurs. Cela lui permet une simple légèrement anticipation, il doit donc avoir confiance en son cavalier pour le diriger. 




Source : http://www.atelier-equitation-classique.com/

En position d’hyperflexion le regard du cheval est carrément orienté vers l’arrière au niveau de ses antérieurs. Il est donc totalement incapable d’anticiper le moindre obstacle. 











B) La bouche

On pense souvent qu’un cheval qui salive est un cheval qui travail correctement et c’est sûrement le cas certaines fois. 

En effet, grâce à la décontraction de la bouche et de la langue le cheval peut se mettre à saliver légèrement, la bouche est alors humide avec quelques traces d’écume blanche.  Ces signes peuvent apparaître ou non avec un cheval dont le positon d’encolure est verticale ou en avant de la verticale, à condition que cette position ne soit pas imposée par une main dure et donc que la bouche soit décontractée. 

En revanche, les chevaux en hyperflexion présentent presque constamment une salivation excessive qui ne résulte donc pas de la décontraction de la bouche mais bien de sa contraction. La langue est emprisonnée sous le mors, se tortille pour échapper à la contrainte, le cheval devient alors couvert d’écume blanche avec de long filets de salive. 

Enfin en position à l’envers, le cheval peut se mettre dans cette position pour plusieurs raisons : soit pour fuir la main du cavalier, soit pour fuir un exercice qu’il n’est physiquement pas capable de faire. Ainsi en général on n’observe pas de salivation car le cheval est plutôt contracté. 


 

Quelles sont les effets sur le plan émotionnel ? 

Il y a eu beaucoup d’études sur les conséquences psychologiques qu’engendraient l’hyperflexion au cheval. Il y en a cependant peu pour les autres positions et pour causes aucun lien n’a été trouvé entre des état psychologique particulier et une pratique du travail en position verticale ou en avant de la verticale. Le cheval à l’envers quant à lui n’est que le résultat et non la cause d’un état psychologique. 

1) Signes d’inconforts

Il existe un éthogramme complet qui regroupe les signes d’inconfort ou de douleur que peut renvoyer le cheval. Parmi eux le fouillement de la queue, le grincement des dents, les mouvements de tête non demandés, les oreilles en arrière etc... 

Lors d’une étude (Christensen et al.) réalisée en 2014 les scientifiques ont tenté de relever la fréquence d’apparition de signes d’inconfort chez un cheval longé et ensuite monté dans une posture naturelle puis dans une posture d’hyperflexion. 

Ils ont pu remarquer qu’en longe les chevaux n’avaient pas de différences significatives dans la fréquence d’apparition des signes d’inconfort qu’ils soient en position naturelle ou d’hyperflexion. En revanche, lorsqu’ils étaient montés ils ont pu observer une hausse significative des comportements d’inconforts lorsque les chevaux étaient en position d’hyperflexion.

Les scientifiques ont donc conclu avec ces résultats, que ce n’était pas la position d’hyperflexion qui était inconfortable pour le cheval mais plutôt la demande du cavalier en elle-même. 

2) Comportements de peur Une autre étude (von Borstel et al., 2009) cherchait à savoir si l’attitude d’hyperflexion pouvait accentuer les comportements de peur du cheval.  Pour cela, les scientifiques ont fait passer des chevaux dans un parcours en position d’hyperflexion et ensuite dans une attitude naturelle. Les chevaux sont alors soumis à deux stimuli : le premier surgit soudainement et l’autre est visible mais le cavalier invite le cheval à s’en approcher.  Les scientifiques ont pu alors noter 3 différences entre les chevaux en position d’hyperflexion et les chevaux témoins en position naturelle :

  • La fréquence cardiaque des chevaux en hyperflexion est bien supérieure face aux stimuli que celle des chevaux témoins

  • Leur réaction de peur est également bien plus vive

  • Les chevaux en hyperflexion prenaient plus de temps à s’approcher du stimulus visible

Il semblerait donc que la position d’hyperflexion induirait une attitude plus tendue où les chevaux sont bien plus sur le qui-vive. Cela peut s’expliquer par le fait que leur champ visuel est significativement réduit et que la tension constante et forte sur les rênes induit un climat de stress.  3) Choix

Cette même étude s’est également intéressée à la notion de choix. Ils se sont alors demandé si on laissait le choix au cheval entre une position naturelle et une position d’hyperflexion que choisirait-il ?

Pour cela, ils ont créé un couloir, au bout de ce couloir le cheval pouvait soit aller à gauche et effectuer un cercle en position naturelle ou bien aller à droite et effectuer un cercle en hyperflexion. Après une longue phase de conditionnement, les cavaliers laissaient les rênes lâches pour que les chevaux empruntent le chemin de leur choix. Le test est répété plusieurs fois (entre 6 et 35) avec plusieurs chevaux afin d’obtenir des résultats statistiques le plus proche de la réalité. 

Les scientifiques remarquèrent alors que les chevaux choisissaient en moyenne 9 fois sur 10 d’emprunter le chemin de gauche afin d’effectuer le cercle en position naturelle. 

Ils remarquèrent également bien plus de signes d’agacements (fouillement de queue, grincement des dents...) en position d’hyperflexion. 

Les chevaux semblent donc préférer une posture naturelle qu’une posture d’hyperflexion. Deux hypothèses ressortent de ce constat : soit les chevaux perçoivent cette position comme stressante, à cause de la forte tension sur les rênes, du manque de visibilité... Soit la contrainte physique est trop importante. 



 


Conclusion

Bien qu’il existe une multitude de positions de tête et d’encolure possible en équitation, la position d’hyperflexion est encore aujourd’hui très souvent visible à l’entrainement et même en concours.  Énormément d’études ont prouvé le caractère néfaste de cette position à long terme, des sanctions peuvent donc être applicables si la position est “mal demandée” ou bien pendant un trop long moment. Pourtant encore trop peu de sanctions sont réellement appliquées. 

Le manque d’information et d’éducation des cavaliers les induisent alors en erreur. Les raccourcies pour expliquer la biomécanique du cheval sont très néfastes sur l’équitation des cavaliers. En effet, les cavaliers sont obsédés par la monté de dos du cheval sans vraiment comprendre comment elle se passe et dans quelle mesure elle est utile. Ils sont tous obsédés par la position de la tête qui ne doit surtout pas être en avant de la verticale et préfère voir un cheval encapuchonné qu’un cheval légèrement ouvert, alors que l’on a vu que encapuchonnement était plus néfaste que l’ouverture de l’angle tête/encolure. La position de la tête et de l’encolure est devenue un simple effet esthétique car bien souvent les cavaliers oublient notamment l’arrière main de leur cheval et donc la position de la tête ne sert plus à rien. Le fonctionnement mécanique d’un cheval (et des animaux en général) est un ensemble, si une partie ne fonctionne pas correctement c’est toute la locomotion qui en est impactée. 

L’éducation des jeunes (et moins jeunes) cavaliers en biomécanique et locomotion est pour moi une des choses les plus importante. Cela ne sert à rien d’apprendre des mouvements de dressage ou des positions de “travail” si on ne comprend pas ou partiellement le but recherché. Je pense donc que c’est en enseignant correctement l’équitation dès le plus jeune âge, et non en sanctionnant aléatoirement que l’on verra disparaître cette forme de maltraitance.

Bibliographie

Vidéo

Thèse vétérinaire

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